Feuillet n°44
HAÏTI-PRESENCES
Feuillet d’information de l ‘association Haïti-Présences (loi 1901)
44 rue Lambrecht
59500 DOUAI
tel : 03.27.86.94.87 —- Courriel : contact@haitipresences.fr
site Internet : http://www.haiti-presences.fr/
N° 44 - octobre 2012
EDITO :
Les couleurs du monde…
C’était le thème de l’exposition vente organisée par l’Association Béthsaïde au profit de Haïti-Présences le 3 septembre dernier à Douai. Cette très belle exposition présentait les travaux réalisés par les personnes handicapées de l’Accueil de jour, une véritable explosion de couleurs qui rappelait les œuvres des artistes et des artisans haïtiens et révélait de véritables talents.
Comme l’a si bien dit M. Delattre, maître d’œuvre de cette manifestation, « les couleurs du monde » veulent signifier que c’est la diversité des peuples, des cultures, des croyances, des talents…qui constitue notre monde, dans lequel chacun a sa place à l’égal des autres.
Que lui-même et toutes les personnes qui ont concouru à faire de cette exposition un beau succès en soient ici, remerciés !
Ce feuillet vous donnera quelques échos de nos rencontres estivales à Douai. Il vous présentera aussi la dynamisme étonnant du Comité de parents de l’école des religieuses à St Michel en Haïti en essayant de coller au plus près de la réalité quotidienne -toujours particulièrement difficile- des haïtiens.
Une population qui, envers et contre tout, continue d’espérer, d’élaborer des projets en commun, de s’épauler les uns les autres, attitude de courage et de solidarité dont nous pourrions nous inspirer en ces temps de crise et d’inquiétude occidentales.
Nous comptons sur vous ! Continuons à soutenir nos partenaires haïtiens pour qu’ils puissent poursuivre tout ce qu’ils ont déjà entrepris et qu’ils puissent envisager de nouvelles initiatives… D’avance, nous vous remercions chaleureusement !
Jean Danquigny
Nous étions tous particulièrement heureux de revoir Sœur Jean-Jo et Sœur Apolline cet été !
Spécialement, Sœur Apolline qui est arrivée très affaiblie en juillet, elle était encore sous le choc d’une déshydratation sévère…
Ci-contre : Sœurs Apolline et Jean-Jo et derrière Sr Apolline , Sœur Elizabeth.
Elle nous raconte avec un sourire malicieux que son ange gardien lui a commandé de rester « sur terre »…
Il ne la trouvait pas dans la liste des appelés au ciel !!! « Faudra patienter ! », lui a-t-il dit !
Nous pouvons vous assurer qu’elles sont reparties en bonne forme, avec une joie et en entrain merveilleux !
Aménagements faisant suite à l’agression des Sœurs.
Après le passage des voleurs dans la maison des religieuses de St Michel, voir le feuillet 43, le Comité de parents de l’école très choqué s’est mobilisé.
Il faut savoir que les religieuses vivent dans une habitation qui donne sur la cour de récréation de l’école au milieu des bâtiments scolaires.
Après discussion, le Comité de parents a exclu l’idée d’embaucher un gardien de nuit. En revanche, ils ont organisé un « tour téléphonique ». En effet, en cas de récidive, il est prévu que les Sœurs téléphonent à un parent d’élève qui, de son côté, joindra tout le comité qui arrivera en bloc.
D’un commun accord, ils ont fait rehausser les murs de clôture de l’école trop bas, de façon à dissuader les voleurs et aussi à empêcher les enfants de se sauver de l’école… (les murs sont désormais surmontés de tessons de bouteille). Un portail en fer a remplacé l’ancienne barrière en bois qui fermait l’école. Il a aussi été décidé d’enlever la batterie de la voiture des Sœurs pendant leurs absences. « On ne veut pas être un comité-bidon ! »
A noter que les parents ont accepté unanimement de donner 100 gourdes par enfant soit 1,5 euro et ainsi prendre part à la réalisation des travaux de sécurisation, un don qui a beaucoup ému les Sœurs.
Autre preuve du dynamisme du Comité de parents.
En fin d’année, le Comité de parents se réunit habituellement autour d’un petit repas avec les professeurs. Cette fois, ils ont préféré faire une excursion à Hinche (ville du centre du pays) située à 2 heures de voiture.
En effet, ils voulaient découvrir la région où aucun d’entre eux n’étaient encore allé. Cette commune est réputée pour son lac collinaire et le développement qui s’y organise tout autour. Grâce à l’action d’un Frère, les habitants ont mis en place de la pisciculture. Puis, avec la réalisation d’un barrage, ils ont pu développer les cultures vivrières, l’irrigation étant régularisée. Tous ces aménagements ont un effet direct sur la population qui voit une amélioration sensible de ses revenus.
Les professeurs et les membres du Comité de parents ont pu comprendre pourquoi l’essai de pisciculture tenté sur St Michel avait échoué. En effet, les habitants avaient effectivement empoissonné leur lac mais ils n’avaient pas attendu le développement et la reproduction des poissons pour les pêcher… Ecouter l’expérience des habitants de Hinche et voir le succès de leurs réalisations a re-motivé les St Michelois !
Les restaveks ont dorénavant un uniforme.
Joie et fierté des restaveks (enfants domestiques de famille) de mettre leur nouvel uniforme : chemise / chemisier bleu à carreaux, pantalon / robe chasuble bleu uni !
Sœur Apolline nous les décrit avec des étoiles dans les yeux ! « Oui, ils sont vraiment tout beaux ! »
Comme ils ne reçoivent qu’un seul uniforme par an, celui-ci n’est donc pas « ajusté »…mais cela ne leur pose pourtant aucun problème !
La chasuble est pratique, elle permet d’être portée un peu large. D’ailleurs, d’autres écoles de la ville ont adopté le modèle des Sœurs !
Sœur Jean-Jo nous explique que chacun d’eux prend grand soin de ses nouvelles affaires, la scolarisation est une fierté pour chacun d’entre eux ! Dès qu’ils quittent l’école et reprennent leurs travaux dans la famille, ils se changent tout de suite et mettent leurs uniformes dans une malle en fer.
Les jeunes portent des chaussures mais uniquement à l’école et à la messe. Ils les enlèvent systématiquement pour jouer à la récré pour ne pas les abîmer ! En d’autres temps, ils sont pieds nus, leur plante de pied devenue aussi dure que de la corne.
L’école devient progressivement gratuite en Haïti
Le nouveau Président, MARTELLY, a lancé pour la première année (CP) le P.S.U.G.O. = Programme de Scolarisation Universelle Gratuite et Obligatoire. Evidemment , les religieuses se réjouissent de la nouvelle gratuité de la première année ! C’est un élan ! De nombreux d’enfants n’étaient pas scolarisés, leur famille trop pauvre.
Mais, Sœur Jean-Jo s’inquiète car n’importe qui ouvre son école maintenant. Des personnes ayant juste terminé leur école primaire ouvrent un « établissement scolaire ». En effet, les professeurs de ces nouvelles écoles sont payés 50 euros par mois pendant 10 mois (une rémunération attractive) et sachant que la formation en Ecole Normale n’est pas obligatoire…
«Mais, qu’en est-il du niveau ? » s’exclame dubitative Sœur Jean-Jo !
« L’Etat devrait mieux encadrer ces ouvertures et prévoir au moins de la formation continue ! »
En quoi consistent les fournitures scolaires en Haïti ?
Chaque élève en reçoit Yon plim (= stylo à bille en créole) et yon krayon (=crayon gris) par trimestre. En revanche, ils reçoivent Yon efas (= gomme), yon lat (=règle), yon tail (= taille-crayon) pour l’année entière, aussi yon carnet de leçons (=agenda), yon cahier d’exercices et yon carnet scolaire (pour inscrire les notes), sans oublier les livres. L’année dernière, l’UNICEF avait offert yon valiz (=cartable).
Les classes comptent 40 à 50 élèves, on comprend que les professeurs dictent peu… trop long , trop fastidieux ! Les élèves travaillent dans les livres et font les exercices du livre dans le cahier d’exercice. Evidemment, pas de photocopie !
Rencontre avec le Père Chacha
Le Père Charelus appelé Chacha, était de passage en France et nous avons pu le rencontrer en août. Actuellement, il suit une formation de 3ème cycle en théologie aux Etats-Unis et il est proche de la communauté haïtienne là-bas.
Les boat-people continuent d’arriver sans papier sur les côtes de Floride, nous explique t-il, mais la « vague » est moins importante qu’avant. Certains haïtiens ayant de la famille aux States préfèrent attendre la régularisation de leur visa même plusieurs années, si nécessaire ! En effet, débarquer sans papier est maintenant très risqué car les contrôles de police sont beaucoup plus fréquents et refoulent les personnes directement vers leurs pays d’origine. D’autre part, après le séisme de 2010, les haïtiens ont reçu un « travelling » visa temporaire permettant de travailler ou de suivre des cours pendant 1 an renouvelable.
Ces haïtiens de la diaspora aident considérablement leur famille restée au pays. Ils envoient de l’argent ou des vivres (ex. : sac de riz) sans lequel les familles ne pourraient pas survivre.
Le Père Chacha nous expliquait qu’avec la vente de petits produits sur le marché, une femme pouvait gagner 1 euro par semaine.. Alors quand une famille reçoit un chèque de 40 dollars, c’est pour elle « merveille » !