Get Adobe Flash player

Saint Michel de l’Attalaye, le 6 février 2013

Chers Amis, Parents et Sœurs, proches d’Haïti,

 

Selon la tradition, Noël est  pour nous l’occasion de 4 festivités. Nous n’avons pas failli aux usages même si cela nous vaut une fin de trimestre bien chargée.

Les enfants des 3 sections du Pré Scolaire ont ouvert la marche. Comme l’école n’a pas de salle convenable pour accueillir plus de 50 personnes, on rassemble les chaises et les bancs disponibles et, en guise de parasol, on tend de grands plastiques bleus appelés « prela » en créole. Le Comité de Parents est largement mis à contribution pour la journée. Tandis que les Papas s’activent dans la cour, les mamans préparent un bon repas pour les enfants, les Parents et les invités. La séance commence par une crèche vivante et des chants de Noël. On est dans l’ambiance !. Avec talent et de tout son cœur, un papa joue le rôle d’animateur. Pour ne pas s’embrouiller le jour de la fête, il est venu lors des répétitions. Les enfants chantent en créole, en français, ils dansent, certains récitent seuls une poésie ou racontent une histoire drôle. Entraînées par Sœur Elizabeth quelques élèves de 5 ans,  se sont transformées en journalistes reporters. Un vrai succès ! Les Parents regardent et écoutent, visiblement ravis. Les monitrices ne se sont pas donné du mal pour rien. La modeste participation demandée ne compte pas. Le soir, les petites filles s’en retournent avec une jolie poupée dans les bras et les garçons, une voiture. Le repas était excellent. Les mercis sont sincères et chaleureux.

Deux jours plus tard, c’est le tour de l’Ecole. La Directrice et les professeurs prennent la fête en mains. A cause des compositions trimestrielles tardives, il n’y a pas eu beaucoup de préparation, mais les Haïtiens sont champions pour l’improvisation ! Les numéros se succèdent sans problème. On chante la Paix, l’Amour. « Manman Mari » a une grande place dans la séance. La joie de Noël envahit déjà le cœur des enfants. Un « piouli » (sucette) est tout ce qu’on peut leur offrir. Peu importe ! Il y a eu la musique ! C’était la fête. Les enfants de l’après-midi ont achevé le trimestre plus tôt. Ils se produiront lors de la fête de l’Ecole.

Le Samedi nous accueillons les pauvres. Dix ne pourront pas venir. Ils recevront leur part quand même. Une cinquantaine de vieillards indigents, aveugles ou estropiés pénètrent dans la cour aidés par Sr Apolline. Ils prennent place sur la galerie décorée en leur honneur par les professeurs de l’après-midi.  Au son du tam-tam, on prie, on chante et bien vite, l’un d’eux,- cette année, c’était le Pasteur- lance des chants que tout  le monde connaît. Tous ceux qui le peuvent se mettent à danser. Nos amis sont bien fiers d’être servis et contents de ce qu’ils reçoivent. Ils ne nous quitteront pas sans appeler une pluie de bénédictions sur nous. Recevez- la aussi car ce partage ne serait pas possible sans votre générosité.

L’après-midi même, c’était le marché de Noël du personnel. Un marché spécial, car tout est gratuit. Pas facile de choisir des chemises, des pantalons, des vêtements d’enfants, des tricots, de la layette , des peluches. Il y a beaucoup de jolies choses et la famille est élargie sans compter le voisinage. Peu à peu, les gros sacs se remplissent et chacun s’en va en imaginant les sourires qui illumineront tant de visages !

Après tout cela, nous étions prêtes à nous retrouver devant la crèche dans le calme pour prier et nous reposer. Les Sœurs de Port-au-Prince avaient opté pour la République Dominicaine. Il ne restait qu’une place. Sr Elizabeth a été d’accord pour la prendre. Elle découvrira le « peyi pagnol » comme disent les Haïtiens. Comment peut-il exister deux pays si différents sur une même île ? Sr Apolline et moi avons pris la route du Morne Saint Benoît. Avec le silence, la beauté du lieu, la prière des moines  qui aide la nôtre, nous refaisons nos forces. Les Frères sont contents de voir leur grande amie  Sr Apolline en pleine forme et toujours prête à rire. Ils l’attendent pour la Semaine Sainte. Nous nous sommes retrouvées à trois, le 31 décembre. Ne parlons pas du jour de l’An. Toute la  journée, c’est un défilé d’enfants venus nous  souhaiter la bonne année. Elizabeth a su en porter cinq en même temps ! Le soir, nous sommes épuisées mais contentes. Quelques jours de répit encore avant la rentrée du 7 janvier.

La nouvelle cuisine n’est pas achevée  pourtant depuis le 20 décembre, les ouvriers s’activent sur le chantier, sous l’œil vigilant de Pitosa. Les matériaux ne devaient jamais manquer. Il a fallu démolir l’ancienne  cuisine, refaire les fondations en veillant à avoir un peu plus d’espace, monter les murs à une hauteur convenable, aménager la citerne pour qu’il y ait toujours de l’eau, prévoir une place pour les ustensiles et enfin, comble de modernité, installer les réchauds à propane ! C’est fait et c’est bien fait ! La peinture viendra quand les murs seront secs. Devant une telle réalisation, des enfants ont crié : »Vive l’école ! » Que dire de la satisfaction des cuisinières ? Ces transformations les ont remises debout, c’est le cas de le dire. Finie la fumée à supporter pendant des heures. Même les élèves dont la classe est proche de la cuisine se sentent soulagées. Nous avons eu une réunion avec les cuisinières, des professeurs, quelques membres du Comité de Parents. La conclusion a été pour vous. Tous m’ont chargée de vous exprimer leur immense merci. Vous vous donnez du mal pour nous, ce n’est pas pour rien. On peut travailler avec plus de dignité, le repas est amélioré aussi car les femmes ont plus de temps pour soigner la préparation. On protège l’environnement en ne consommant plus de bois et il y a plus d’hygiène dans la cuisine. Tous les parents qui pénètrent dans la cour s’arrêtent pour s’extasier devant ce chef d’œuvre. Il n’a rien de luxueux pourtant mais il est beau et fonctionnel.

Déjà le Carnaval tombe sur nous. Cette année, nous ne nous occupons  pas du « Carnaval des élèves ». Pourquoi ? Pour l’année de la Foi, la Paroisse a organisé un grand Congrès de 4 jours sur l’Eglise, la Foi et la Mission, dans la ligne d’Aparecida. Notre Curé  attend 2000 congressistes. Beaucoup de Paroissiens s’investissent pour la préparation, l’accueil et le déroulement des célébrations. Nous en reparlerons.

Vu l’éloignement de la capitale, nous ne sommes pas trop touchées par les événements politiques et on n’organise pas de manifestations à St Michel. En revanche, nous partageons l’insécurité de la ville. Un certain matin, vers 10h des bandits armés se sont introduits à Digicel, un des centres de téléphonie mobile et d’internet et peu de temps après, ils étaient dans le local de Western Union où s’effectuent les transferts d’argent. Il paraît qu’un gang a été démantelé.

Nous continuons à partager la vie de nos amis. Les deuils se succèdent. Le Papa d’une monitrice de la Maison des Enfants a été victime d’un accident. Un camion, aux freins défectueux, est passé sur la moto qu’il conduisait. Il est mort sur le coup. Ce matin encore, on a appris la mort tragique d’un directeur d’Ecole Nationale. Je l’avais salué hier, à la sortie de la Messe. Les Inspecteurs organisent une marche silencieuse avec les élèves capables de tenir pendant cette longue marche. Nous avons été sensibles aussi au décès du Docteur Tatou, un Camerounais, ancien élève et ancien professeur au Collège.

Le micro-crédit a repris  pour la plus grande satisfaction des bénéficiaires.

Dernière nouvelle qui ne concerne pas Haïti mais que je vous partage. Il s’agit de mon prochain voyage au Cameroun. En voici la raison. Le Collège Jeanne d’Arc  célèbre ses 50 ans. J’y ai vécu durant les 25 premières années et je suivais par la pensée et la prière les différentes célébrations depuis l’ouverture de l’année du cinquantenaire le 27 octobre avec la Messe présidée par Monseigneur Atangana, l’Evêque de Nkongsamba. Les Anciens ont estimé que je devais être avec eux au moins pour les cérémonies de clôture du 18 au 23 mars. Ils offrent le billet d’avion. Vous pouvez deviner l’émotion et la joie des retrouvailles, ainsi que le plaisir de revoir les Sœurs et de faire la connaissance de la famille de Sr Elizabeth. Vous aurez des échos de ce grand voyage.

Nous sommes entourées de signes d’affection de votre part et de la part des Haïtiens. Ils nous  touchent et nous réconfortent. Votre amitié est si fidèle et si forte. La nôtre a la même force. Elle se traduit par nos efforts pour améliorer la vie de nos frères et surtout pour préparer avec eux un avenir meilleur pour le pays. Par la prière aussi nous vous disons notre attachement. Chacun de vous est présenté au Seigneur avec tout ce qu’il vit et avec tous ses proches. La supplication est confiante.

D’ici peu, notre chère Association Haïti-Présences tiendra son Assemblée Générale. Merveilleuse soirée !

Toutes les trois nous vous embrassons de tout cœur

Sr Apolline, Sr Elizabeth , Sr Jean-Jo

 

Les commentaires sont fermés.