Feuillet n°46
HAÏTI-PRESENCES
Feuillet d’information de l ‘association Haïti-Présences (loi 1901)
44 rue Lambrecht
59500 DOUAI
tel : 03.27.86.94.87 —- Courriel : contact@haitipresences.fr
site Internet : http://www.haiti-presences.fr/
N° 46 mai 2013
EDITO
10 mai, Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.
Le 27 avril 1848, sous l’impulsion de Victor SCHOELCHER, l’esclavage est aboli en France. Chaque année, le 10 mai , le pays célèbre cette abolition.
Mais il ne s’agit pas seulement de se remémorer un évènement du passé car l’esclavage reste une réalité. Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Nantes, qui se veut un lieu de méditation, nous le rappelle : « souviens toi et agis pour que cela ne se reproduise plus »
Cette commémoration nous invite donc à nous interroger sur ce qui produit de l’esclavage aujourd’hui.
La misère, le mépris des droits humains, la recherche effrénée du profit … en sont bien souvent la cause. Comme l’annonçait le Collectif Haïti en février dernier : « la traite d’enfants impliquant les groupes haïtiens et dominicains dans les zones frontalières est de plus en plus préoccupante ».
L’Association Haïti-Présences participe à sa façon à cette célébration en proposant aux jeunes des écoles, collèges et lycées un concours de poésie autour de ce thème et soutient tout au long de l’année, grâce à vous chers donateurs, l’accès au savoir, clé d’une véritable libération, pour les enfants d’Haïti.
Jean Danquigny
Début février, notre Assemblée Générale rassemblait près de 50 membres, l’occasion pour Jean Danquigny, Président, d’insister sur la précarité politique en Haïti et sur la reconstruction ratée alors que des sommes considérables ont été accordées au pays.
Il a aussi mis en lumière toutes les petites initiatives des haïtiens qui ne laissent pas tomber les bras, entre autre celle du CRUDEC : Centre de Recherche Universitaire et de Développement Communautaire. En effet, plusieurs étudiants de Port au Prince ont créé dernièrement un Centre informatique d’études pour universitaires avec le soutien de notre association et la participation financière de l’Association « Solidarité Cistercienne » de l’Abbaye de Chimay (Belgique) que nous remercions encore très vivement.
De même, lors de l’Assemblée Générale, nous avons pu découvrir en images, la nouvelle cuisine de la cantine de l’école de St Michel.
Au fur et à mesure des années, des améliorations furent apportées. La première fut l’arrivée de l’eau au robinet, évitant ainsi aux élèves de devoir la tirer chaque jour du puits avec des seaux.
Cette année, le bâtiment « cuisine » a été totalement refait. Pour la cuisson des repas, le charbon de bois a été remplacé par le gaz en bonbonne.
Le lieu a changé de couleur !
Les murs étaient noirs de suie, de graisse et de fumée accumulées au long des années…
Ils sont désormais pimpants et font la fierté des cuisinières !
Le conteneur est enfin parti !
Après de multiples ennuis, une tonne de produits divers et variés sont actuellement en « route » pour Haïti. Les religieuses stockaient depuis plusieurs mois des jeux éducatifs, des fournitures scolaires pour les écoliers de St Michel, des produits d’entretien, d’hygiène, des vêtements, tee-shirts, casquettes, baskets, chaussures ainsi que beaucoup de layette pour les familles les plus pauvres. Il était temps de regrouper le tout et de leur envoyer !
Un grand merci aux religieuses de Froyennes (B) qui tricotent inlassablement des chauffe-coeur et à l’association Hasnon-Amitiés pour la confection de layette, les nuits en Haïti sont fraîches ! Une belle solidarité inter-générationnelle et inter-nationale !
En mars, la conférence donnée par notre Président « la mer, source d’inspiration des peintres » fut un moment très apprécié de tous ! Illustrée de tableaux peu connus, nous avons vu évoluer la représentation de la mer au cours des siècles, rattachée à l’Histoire ; ce fut particulièrement intéressant !
La peinture haïtienne y fut évoquée puisqu’en tant qu’île , elle puise aussi son inspiration dans la mer.
La « campagne » de carême fut très vivante ! Nous disons un chaleureux merci à l’Ecole et au Collège de Wormhout, à celui de Bergues ainsi qu’à l’Institution St Jean de Douai et l’Institution de la Ste Union de Dour en Belgique qui a organisé une formidable course solidaire, réunissant grands et petits!
Les membres du bureau sont aussi intervenus dans différentes classes des Collèges Notre-Dame de St Saulve et Notre-Dame de la Providence à Orchies, une belle occasion de parler d’Haïti !
Puis le 4 mai, une joyeuse ambiance régnait à la marche d’Esquerchin ! Savez-vous comment s’appellent les habitants de ce village ? Devinez ! Les Esquerchinois/ chinoises !
Des questions abordaient aussi l’histoire du lieu, le site du marais reboisé, d’autres interrogeaient nos connaissances à propos des arbres et du boisement en Haïti. Une belle après-midi !
Le déboisement
En 1492, lors du débarquement de Christophe Colomb, Haïti était couvert de forêts tropicales à 80%. En 1945, il en restait 21 %. Aujourd’hui, les bois recouvrent moins de 2 %.
Le déboisement continue en Haïti . Les arbres coupés sont généralement destinés à la fabrication du charbon de bois utilisé pour la cuisson des repas. On en fait aussi des planches pour la construction. Les paysans déboisent aussi pour élargir leur surface cultivable … Or, l’érosion progresse, le ravinement est important, les terres arables sont emportées par les inondations, alors que les arbres auraient pu freiner les glissements de terrain. Les nappes phréatiques baissent. L’élevage libre contribue aussi à la dégradation de la couverture végétale …ainsi que la surpopulation, évidemment.
Les dirigeants politiques commencent à prendre conscience que la déforestation est un problème alarmant pour le pays. Il faudrait sans tarder élaborer des programmes de reboisement et d’aménagement des bassins versants et développer des sources de carburants alternatives.
Une météo catastrophique depuis des mois…fragilise le pays
L’agriculture a été le secteur le plus frappé par le passage des cyclones Isaac en août 2012 et Sandy en octobre 2012. Ils ont endommagé, outre les cultures saisonnières – comme les céréales et les légumineuses -mais également les cultures pérennes, telles que la banane et les fruitiers.
Habituellement, les paysans se « rattrapent » avec la récolte suivante.
Mais depuis, la sécheresse s’est abattue dès la mi-novembre 2012, elle a détruit massivement les plantations mises en place. Des plantes, habituellement résistantes, dépérissent en plein champ. Certains arbres fruitiers et forestiers jaunissent maintenant sous la poussière et la chaleur, ainsi qu’un vent sec sans pitié.
Même chose pour la culture du riz ravagée par une invasion d’insectes qui pullulent sous le soleil de plomb.
Les paysans n’ont donc pas pu mettre de côté les semences pour les nouvelles plantations de mars. Pourtant, il leur faut planter la patate, les choux, les pois France et pois Congo, le maïs, le petit mil, les oignons, etc., pour les récolter en juillet. Les cultivateurs n’ont pas les moyens d’acheter de nouvelles graines… Ils demandent des semences, la remise en état ou la construction des canaux d’irrigation… travaux qui ne sont pas à l’ordre du jour… Tout le monde craint une flambée des prix.
Osons espérer qu’avec les premières pluies tombées en avril et le courage des paysans à se remettre au travail après l’anéantissement des 2 précédentes campagnes, ils pourront faire enfin une bonne récolte.