Feuillet n°50
HAÏTI-PRESENCES
Feuillet d’information de l ‘association Haïti-Présences (loi 1901)
44 rue Lambrecht
59500 DOUAI
tel : 03.27.86.94.87
site Internet : http://www.haiti-presences.fr/
N° 50 Octobre 2014
EDITO
Fières d’être haïtiennes…
Lors de notre voyage en Haïti en mars dernier, Marie et moi avions rencontré des élèves de l’école Sainte Union de St Michel de l’Attalaye. Au travers des échanges, nous avons senti l’attachement profond de ces jeunes à leur pays, leur culture, leur histoire. Aussi, avant notre départ, nous leur avions proposé de mettre sur papier ce qu’elles exprimaient.
Vous trouverez dans ces pages des extraits de leurs écrits où elles disent leur fierté d’être Haïtiennes.
La mort du dictateur J-Cl DUVALIER, « Baby Doc » nous rappelle le rôle qu’à joué cette famille dans la descente aux enfers de l’économie haïtienne : pillage des ressources, corruption généralisée, ruine de l‘agriculture et du tourisme, sans oublier une société civile étouffée, des assassinats, tortures, exactions…une situation catastrophique dont le pays a beaucoup de mal à se relever.
Malgré tout, ces jeunes filles portent un regard plein d’espoir sur leur pays. Elles croient en l’avenir et nous invitent à être attentifs à tout ce qui, aujourd’hui en Haïti, est porteur de développement et source de vie plus humaine.
C’est pour participer à cette mission que Sœur Marie-Geneviève rejoint la Communauté de St Michel de l’Attalaye. Nous sommes convaincus qu’elle sera chaleureusement adoptée par nos amis haïtiens.
Jean DANQUIGNY
Sœur Marie-Geneviève en Haïti depuis la mi-septembre
Lors de notre dernière réunion de bureau, Marie-Geneviève nous disait qu’elle n’avait pas hésité à dire « OUI » quand la demande lui avait été faite d’aller aider les sœurs en Haïti. La joie se lisait encore dans ses yeux ! Elle est donc partie avec l’entrain que nous lui connaissons tous !
Sa mission sur place est variée : participer à la gestion de la cantine, aider Sœur Elisabeth au niveau des formalités administratives, s’occuper de la maison des sœurs, apprendre le créole, participer à la vie paroissiale, rendre visite aux personnes malades ou isolées, garder le contact avec les communautés de Port au Prince et de St Marc.
Les nouvelles sont très bonnes : Marie-Geneviève s’acclimate sans problème majeur et prend déjà ses marques à l’école ! Tout de suite, elle s’est sentie à l’aise avec les enfants, avec les pauvres et les isolés qui vivent près de l’école.
Sœur Jean-Jo à Douai pour quelques semaines encore
Suite à un contrôle de routine, il s’est avéré que sœur Jean-Jo souffrait d’un problème oculaire et qu’elle devait être soignée sérieusement. Elle a dû accepter de prolonger son séjour en France et de ne pas assurer la rentrée des classes en Haïti pour la première fois …la mort dans l’âme !
Heureusement, Jean-Jo réagit bien aux traitements et pourra repartir dans son « pays d’adoption », normalement à la mi-novembre
Grâce à skype, Sr Jean-Jo est en contact régulier avec Srs Elizabeth et Marie-Geneviève et se trouve ainsi en capacité de les renseigner, de les voir.
Ce mode de fonctionnement convient à toutes les trois et facilite leurs échanges. Vive la modernité !
Extraits des rédactions des élèves de CM2 de l’école St Michel de l’Attalaye
Sujet : « être fier d’être haïtien »
« J’aime mon pays plus que les autres parce que c’est le mien. Dans mon pays, le climat est doux, il y a des fruits de toutes sortes. Ma chère Haïti est vraiment belle avec ses rivières, ses plages et ses arbres qui donnent de l’ombre aux oiseaux… » Kétia BIEN-AIME
« Haïti a une beauté exceptionnelle. L’amour que j’ai pour mon pays est illimité ! Haïti ne périra jamais ! » Rose MICKA
« Autrefois, nous étions la perle des Antilles…Je dis son ciel pur, je dis son air doux, l’étagement harmonieux des ses mornes éblouissantes, les molles ondulations de ses collines proches et l’émeraude changeant des cannes au soleil … » Sylvie CAMELUS
« Je crois me trouver au rivage d’une mer, regardant le vol des oiseaux vers le ciel d’azur, avec des vocabulaires non usuels, pour vous adresser ma fierté d’être haïtienne…. » Wideline ETIENNE
« Etre haïtienne est mon seul bien. Et cela met de la joie dans mon cœur. J’aime mon pays comme un feu de flammes vives et d’arc en ciel… » Juvenie MARCELLIN
« Malgré les épidémies, les inondations, les éruptions volcaniques, les catastrophes naturelles, nous sommes en joie et nous aimerons toujours notre pays ! » Judeline PRECIUS
« Je suis fière d’être haïtienne, j’aime notre couleur ! Il y a beaucoup d’haïtiens qui partent pour l’étranger qui ne savent pas la beauté d’Haïti mais moi, je l’aime et je veux mourir à ses pieds. » Justentia PIERRE
L’Association à Saint Michel de l’Attalaye
A l’école de St Michel, les latrines sont actuellement au nombre de 4 pour 370 élèves. Il y a 27 ans, elles avaient été refaites à neuf : des sièges en bois avaient été installés au dessus des trous, eux-mêmes reliés à la fosse sceptique. Mais depuis, l’état des sanitaires s’est dégradé progressivement, les portes ne fermant plus, les siéges toujours plus bringuebalants…
Après avoir mené son enquête auprès d’autres établissements scolaires, Sœur Jean-Jo a donc opté pour l’installation de 6 latrines avec « des assises en dur », en béton, recouvertes de carrelage. « La fosse sceptique fonctionne toujours bien, on garde donc le même système » précise Jean-Jo. En revanche, il est nécessaire de renouveler les portes.
Les travaux ont été chiffrés et nous sommes heureux d’annoncer, dès à présent, que l’Institut Sainte Union de Dour, en Belgique, a financé tout l’aménagement ! Qu’il soit vivement remercié !
L’association compte mettre en place une « bibliothèque volante » par classe.
De quoi s’agit-il ?
Les Editions haïtiennes Deschamps proposent ce nouveau concept : une valise remplie de livres en fonction de l’âge des élèves. Ces livres sont écrits en français et en créole par des haïtiens, pour des haïtiens. Nous aimerions acheter plusieurs de ces valises afin d’ouvrir les élèves au plaisir de la lecture. Même si Haïti compte de nombreux écrivains dont beaucoup sont reconnus dans le monde, l’accès aux livres reste encore trop réservé aux privilégiés. Ce projet sera proposé aux établissements scolaires pour leurs actions de solidarité.
Toute la cour de récréation sera bétonnée cette année pour la plus grande joie des élèves. En effet, à la saison des pluies, cette cour est régulièrement inondée; la boue s’étale sur plus de la moitié de l’espace de jeu. L’Institution Sainte Odile à Lambersart a promis de financer ce projet.
L’école de la Sainte Union (anciennement cours du soir) qui scolarise des restaveks reçoit dorénavant les subventions de l’Etat. En effet, le PSUGO (Programme de Scolarisation Universelle Gratuite et Obligatoire), aidé par des fonds internationaux, subventionne toutes les écoles avec le noble objectif que chaque enfant haïtien puisse aller à l’école.
Ainsi, notre participation financière est donc allégée, le salaire des professeurs étant assumé par l’Etat. Néanmoins, l’Association Haïti-Présences garde à sa charge les repas des restaveks, l’achat de leurs livres et de leurs fournitures scolaires.
Dans le même temps, de nombreuses écoles se sont ouvertes – certaines parfois fictives ! Des personnes, sans formation particulière, se sont lancées dans l’enseignement puisqu’il y avait de l’argent à prendre…Au grand dam des écoles en place. On évoque maintenant la suppression de l’examen de fin de primaire, examen qui maintenait le niveau d’exigence …
L’association continuera d’accorder une aide d’urgence. Les religieuses de la Sainte Union connaissent bien les familles des professeurs, des élèves, des voisins de l’école… Et quand elles le jugent opportun, elles donnent un « petit coup de pouce » dans les situations difficiles : naissances, maladies, deuils, incendies… Cette aide financière, toujours limitée, permet de passer un cap, de régler une visite médicale, d’acheter des médicaments, de contribuer à certains achats … Par exemple un enterrement est très coûteux en Haïti : selon la coutume, pour la cérémonie, les proches se doivent de porter vêtements neufs, chaussures et chaussettes et d’inviter proches et voisins à une petite réception après les funérailles.
L’Association à Port au Prince :
L’Association poursuit, bien sûr, son aide financière aux projets déjà en cours : nous participons au financement du Centre Nutritionnel : environ 90 petits enfants y prennent un repas équilibré par jour. Nous continuons à soutenir plusieurs étudiants : en 2013-2014, ils étaient 34, 5 ont terminé leurs études et un jeune a trouvé un emploi comme chauffeur de poids lourd.
Des cours de cordonnerie et de tailleur sont donnés aux prisonniers volontaires grâce à l’Association, qui règle le salaire des enseignants.
L’Association à Saint Marc :
Les prisonniers dont nous avions évoqué la situation si difficile (40 personnes par cellule) reçoivent un petit « plus » par l’intermédiaire de Sœur Mary : sucre, lait et friandises..
EN BREF
Il y a 150 ans : arrivée des premiers missionnaires Français en Haïti.
De nombreuses congrégations sont toujours très investies en Haïti dans le domaine de l’éducation et de la santé.
Mgr Max Mésidor a dressé un bilan contrasté de la situation de l’Eglise : « Il faut se réjouir de la foi solide du peuple haïtien ainsi que de l’essor des vocations chez les jeunes et de la présence de nos congrégations. Mais d’autre part, l’utilisation de l’Eglise à des fins politiciennes est inquiétante ainsi que la progression des sectes dans le pays. »
Dany Laferrière : premier académicien noir depuis Senghor sous la coupole.
« On m’appelle Immortel ! Comme s’il s’agissait d’un prénom ! L’immortalité tient une grande place dans le vaudou et la mythologie d’Haïti, ce pays qui ne meurt jamais, malgré la grande misère, les 32 coups d’Etat, les tremblements de terre… » DL dans l’Express du 20 août 2014
Son nouvel ouvrage : « L’art presque perdu de ne rien faire » Ed.Grasset
Au fil des pages, il gambade et brasse ses pensées, le plaisir de ses découvertes, de ses émerveillements. 23 chapitres disparates, chroniques à la fois enthousiastes et graves.
Mort de l’ancien dictateur d’Haïti Jean-Claude Duvalier.
Ce dernier a été enterré sans les honneurs ce samedi 11 octobre 2014.
Pour RFI, Marcel Dorigny en faisait ainsi le portrait :
« C’est le numéro 2 d’une dynastie qui commençait avec son père François Duvalier, médecin des pauvres avant d’accéder au pouvoir, qui a été très populaire, il ne faut pas l’oublier. Il a été pendant un temps l’un des leaders tiers-mondistes, à la fin des années 50. Une fois au pouvoir la dérive est ensuite très, très vite arrivée. Le pouvoir est devenu personnel, de plus en plus autoritaire, dictatorial. Et puis il y a eu la création de cette fameuse milice, les fameux « Tontons Macoutes », qui ont semé la terreur sans aucun contrôle, uniquement sur les ordres du président. »
Prochaines dates à retenir
►6 février 2015 : Assemblée Générale,
à la Maison Notre Dame, Place du Barlet, à Douai.
18h Renouvellement des cotisations et adhésions
18h30 ■ Intervention de Jean DANQUIGNY, aperçu de la situation d’Haïti
■ Bilan financier détaillé par Marie-Véronique QUIVRON
■ Intervention de Marie BOUCHAERT, émaillée de photos, précisant les actions de l’Association en cours ou à venir
Renouvellement de trois membres du bureau
19h30 Pot de l’amitié et apéritif dînatoire
►20 mars 2015 à 20h : Conférence par Jean Danquigny,
à la Maison Notre Dame, Place du Barlet, à Douai.
Thème : « Peindre la nature : le paysage et l’arbre »,
►avril 2015 : Concours dans le cadre de la journée de l’abolition de l’esclavage
Ouvert à tous les établissements scolaires
Illustrer, comme vous l’entendez, la dernière chanson de Yannick Noah :
« Partager le même soleil,
S’éveiller sous le même arc en ciel,
Espérer la même lumière,
Redessiner d’autres frontières ! »
☼
Dessin, texte ou poésie…comme vous le voulez !
Et si c’était un beau projet de classe ?!
pour tout renseignement : mv.quivron@wanadoo.fr